VERDELOT
Philippe
Poésie ou musique
Poésie et musique
Le terme de madrigal recouvre à la fois une forme poétique et une forme musicale.
La forme poétique est première : Francesco Barberino dans "Documenti d'Amore" (1313), utilise le terme pour décrire une poésie sans métrique de versification particulière, sur des sujets profanes, comme Pétrarque ou Boccace aimaient à le faire.
Les poèmes furent progressivement mis en musique et donnèrent naissance au XVème siècle à la forme musicale du madrigal qui est une polyphonie à trois ou quatre voix. L'âge d'or du madrigal italien dont Philippe Verdelot est un des principaux précurseurs se situe au XVIème siècle. Il mit notamment en musique des poèmes de Pétrarque.
La musique suit le texte
« Prima le parole, dopo la musica »
Dans "Madonna per voi ardo" de Philippe Verdelot, le musicologue Claude Ferrier indique "comment la musique suit le texte : anacrouse, allongement de la syllabe principale de l’invocation Madonna, progression chromatique exprimant la plainte (ré-mib-ré). Les fins des vers sont marquées par des césures : cadences avec demi-soupir à la mes. 5, l’harmonie est simple "
Le Madrigal italien
"Le madrigal italien est un genre poético-musical profane de forme polyphonique qui s'est développé à la fin de la Renaissance. La forme utilisée est celle d'un contrepoint savant chanté à plusieurs voix, dans un premier temps a cappella, puis accompagné d'une basse continue dans sa dernière évolution.
Il s'agit d'un genre en constante évolution, moderne, synthétique qui s'attache à résumer l'art de la polyphonie des siècles passés et à explorer les possibilités expressives nouvelles qu'autorise la voix. Cette exploration débouchera peu ou prou sur la découverte de la cantate profane et surtout de l'opéra.
Mais le madrigal n'est pas un art expérimental ; c'est un genre abouti aux mille joyaux dont la richesse peut constituer de solides repas musicaux. Il est à noter que c'est le genre musical qui insistera le plus sur la qualité des textes utilisés. Il n'y a pas de madrigal sur de la poésie populaire ou triviale. Seuls les grands noms de la poésie italienne sont convoqués ici et durant toute la durée de son évolution, 1500 à 1640 environ. Il s'agit même de l'objet du madrigal, magnifier le texte, le traduire par une expressivité directe puis de plus en plus sophistiquée. A l'aube de son existence, on pourrait dire « Prima le parole, dopo la musica ». Rapidement le propos changera pour atteindre une fusion parfaite des deux éléments, une symbiose."
Source : classik.forumactif.com
Le Madrigal à "Madonna" de Verdelot et Arcadelt
"Les madrigalistes, dès la première génération (Verdelot, Arcadelt, Corteccia et, hors de Florence Willaert, Gero, Festa) ont tous utilisé ces textes à « Madonna ». L’apostrophe devint un véritable tic d’écriture qui caractérisa cette production poétique et musicale. Le compositeur choisissait sans doute ce type de texte pour en transformer la situation d’énonciation en performance musicale. Les éditions de madrigaux des deux musiciens liés à Florence et cités par Grazzini, Verdelot et Arcadelt, constituent l’apogée du genre. On est frappé par la récurrence de l'apostrophe à la dame dans les incipit des recueils de Verdelot (1533-37) : « Madame pour vous je brûle, et vous ne me croyez pas… » ; « Si vous pensez ma dame… » ; « Dame, qui êtes belle entre les belles… » ; « Ma dame, quelle meilleure preuve peut-on avoir de ma flamme… » ; « Ma dame, avec larmes et soupirs… » ; « Dame gracieuse et belle, vous m’enflammez de vos yeux… » ; « Si jamais tu as éprouvé, madame, ce que c’est que l’amour… » ; « Ma dame, ton beau visage… » ; « Vie de ma vie, vous avez grand tort… » ; « Tu refuses mes baisers pieux avec un sourire angélique… » ; « Si je pensais, madame, que ma mort vous fut douce et chère… » ; « Madame, Je voudrais seulement que tu veuilles vouloir ce que je veux… »
Source : https://iconographieduluth.com/
Source : d'après Claude Ferrier
anacrouse allongement de syllabe progression chromatique 1/2-soupir